10 conseils pour être vraiment malheureux
Une idée, pour peu qu’on s’y accroche avec une conviction suffisante, qu’on la caresse et la berce avec soin, finira par produire sa propre réalité.
Avec soi-même
Et avec les autres
L’art de la pensée négative
Mais l’art d’être malheureux passe avant tout par le développement de votre capacité à voir à moitié vide plutôt qu’à moitié plein. Pour bien être malheureux, il est de votre devoir de passer plusieurs heures par jour à repenser, à ressasser, à ruminer aux vieilles histoires, à vos relations présentes, aux événements désagréables de votre vie, et de vous convaincre avec la plus grande attention que ces événements au fond n’ont qu’un seul et unique but, rendre votre vie un enfer.
Pour réussir cela je vous propose plusieurs exercices :
D’abord, confortablement installé sur votre siège, vous allez fermer les yeux et imaginer que vous mordez un citron bien juteux. Vous allez exercer votre attention jusqu’à ce que ce citron imaginaire vous fasse venir l’eau à la bouche.
Une fois cet exercice réalisé, toujours assis sur votre siège, vous allez passer de la pensée du citron, à une pensée sur un objet de votre quotidien : votre téléphone, votre voiture, vos chaussures, votre télévision. Lorsque vous aurez trouvé cet objet, portez votre attention sur le fait que finalement cet objet n’est pas aussi efficace, confortable, appréciable qu’il ne l’est vraiment. Même si vous croyez posséder à cet instant quelque chose de parfait, prenez conscience de ses innombrables défauts et qu’il y a forcément mieux ailleurs. Focalisez-vous sur ses défauts puis répéter l’exercice ce que ses défauts se transforment en quelque chose d’insupportable. Changer cet objet pour un autre de meilleure qualité, et réitérer l’opération
De la même manière, en regardant le ciel par la fenêtre, vous verrez apparaître dans votre champ visuel une myriade de cercles minuscules semblables à des bulles. Cela est sans nul doute le signe encore une fois que, comme à votre habitude, votre santé vous fait défaut. C’est forcément le signe d’une affection oculaire sournoise. Et, même si l’ophtalmologiste vous dit que c’est un phénomène normal qui se nomme phosphène, vous devrez vous convaincre que ce spécialiste ne souhaite pas désespérer un patient en lui révélant le caractère incurable de sa maladie. Vous pouvez appliquer la même logique a tous les phénomènes corporels un peu curieux. Le truc est de se convaincre avec la plus grande force que notre santé nous fait défaut, et que rien ni personne ne pourra dire le contraire.
Une fois que vous serez suffisamment entraîné à la pratique de ces exercices corporels, vous passerez votre attention sur le monde extérieur. Par exemple pouvez commencer par les feux réglant la circulation. Vous avez déjà remarqué leur tendance à demeurer au vert tant qu’on est éloigné, pour passer à l’orange puis rouge à l’instant même où l’on s’en approche. Si vous parvenez avec brio à résister à la voix de la raison qui souffle que en moyenne on doit rencontrer à peu près autant de feu verts que de rouges, vous êtes sur la bonne voie. Ainsi, les feux rouges prendront beaucoup de place dans votre esprit, tandis que les feux verts cesseront de vous impressionner. Vous pourriez même vous mettre à soupçonner qu’il y a des pouvoirs inconnus qui influencent la circulation des feux, et qui vous poursuivent en tous lieux, que cela soit à Bordeaux, à Toulouse, ou à Paris, voire même à l‘international. Puis vous finirez par découvrir que c’est toujours votre fil d’attente au supermarché ou à l’aéroport qui avance la plus lentement, ou que c’est toujours votre train qui est retardé.
Maintenant que vous êtes désormais conscient des hasards dignes d’éveiller vos soupçons, qui existent entre des événements d’apparence banale, le moment est venu de faire attention à ces relations menaçantes qui tissent un réseau remarquable entre des faits qui vous échappent totalement. Maintenant convaincu que vous êtes poursuivis par la malchance et le malheur, et que vous entretenez correctement vos ruminations, vous pouvez vous mettre à suspecter que les gens autour de vous cherchent d’une façon ou d’une autre à vous nuire. Par exemple, lorsque votre compagnon ou votre compagne est en retard de plus de 15 minutes, c’est forcément le signe qu’il se trame quelque chose, qu’il ou elle ne vous respecte pas, ou pire vous trompe avec quelqu’un. Lorsque les gens vous regardent dans la rue, c’est forcément le signe qu’ils vous jugent ou se moquent de vous en secret.
Enfin, le dernier exercice pour entretenir vos ruminations de sorte à être vraiment malheureux consiste à parler aux personnes concernées de vos certitudes qu’il se trame quelque chose de suspect. Même si votre interlocuteur tente de vous convaincre que ces soupçons sont mal fondés et qu’il ne se passe rien du tout, il sera décisif de vous rappeler que toute personne désireuse de nuire ne s’amusera jamais à le reconnaître ouvertement. Bien au contraire, elle cherchera dans son hypocrisie à détourner l’attention de sa victime des soupçons que celle-ci avait pu former en les déclarant infondés et en multipliant les protestations d’amitié et de bonne volonté.
Hugo Ledoux – Psychologue et Psychothérapeute à Merignac et en ligne
Tout est bien… Tout. L’homme est malheureux parce qu’il ne sait pas qu’il est heureux. Ce n’est que cela. C’est tout, c’est tout ! Quand on le découvre, on devient heureux aussitôt, à l’instant même.